Tristan Garcia
J'étais en voiture quand j'ai écouté la fin de cette émission de France Inter.
Et pour débuter l'année, ce texte m'a touché.
Je ne connais pas l'auteur mais j'ai aimé son idée. J'ai eu envie de l'écrire et peut être aussi de le lire à voix haute .
J'aimerai être capable de ne jamais confondre les aurores et les crépuscules, ce qui commence et ce qui fini, je voudrais les distinguer pour n'humilier ni les uns ni les autres. En politique, en art, en amour et en amitié, il arrive sans cesse qu'on prenne le début de quelque chose pour la fin d'autre chose, et une mort pour une naissance.
On déplore un déclin et on ne voit plus ce qui grandit.
Ou bien au contraire on devient obnubilé par de nouvelles formes d'existence, des mutations perpétuelles, et on ne perçoit plus ce qui dans cette transformation est en train de mourir.
Sans cesse, on empêche de naître et on interdit de mourir; les modes de vies, les idées et les hommes.
Dans les 2 cas, je me méfie.
Il est facile de préférer ce qui émerge, ce qui prend forme, ce qui promet, il est facile de renvoyer ce qui dure, ce qui s'épuise, ce qui s'achève à l'oubli.
Et Comme par symétrie, ce n'est jamais très compliqué de faire honte à ce qui apparaît: c'est impur, imparfait, naïf, gorgé de contradictions; on peut toujours lui faire la leçon: une nouvelle façon de faire, de dire, de chanter, de croire, un enfant, une génération, un mouvement.
On a toujours la tentation de préférer les êtres qui se souviennent, les oeuvres fidèles à ce qu'on a connu, les idées qui conservent le passé.
Et bien il y a 2 types d'hommes que j'essaie de ne pas être; d'abord l'homme forcé à la mélancolie, hanté par les crépuscules, l'homme qui devine déjà la tombe dans le berceau. Par avance il juge de ce qui naît du point de vue de la déception de ce que cela lui causera, il est inquiet et ne parle plus que des conséquences de tout ça.
L'autre c'est l'homme forcé à la joie, obsédé par ce qui est en train d'émerger, l'homme qui fait honte à tout ce qui vieilli, celui qui ne reconnaît que des printemps et qui vit sans hiver.
J'essaie de ne vivre et de penser ni comme le premier ni comme le second. Tout ce que je souhaite c'set de pouvoir aimer également tout ce qui commence et ce qui finit, sans faire semblant, sans faire passer un effondrement pour une révélation ni une gestation pour une agonie.